Snif

Le prix Constantin n’a été ni à Barbara Carlotti, ni à Joseph d’Anvers, ni à Arman Méliès, ni même à Thomas Dutronc ou Julien Doré, mais à Asa (prononcez Asha) pour son album éponyme.
Bravo à elle, mais on ne peut pas s’empêcher d’être un peu déçus ici…

2 réflexions sur « Snif »

  1. Coup de gueule
    Prix Constantin

    Pourquoi je n’ai pas voté Asa

    LE FIL MUSIQUE – Le prix Constantin 2008 revient à la Nigériane Asa. Comme tous les ans, un journaliste de “Télérama” – cette année, c’était au tour de Valérie Lehoux de s’y coller – faisait partie du jury. Elle n’a pas voté Asa. Explications.

    Donc, Asa. Née à Paris, élevée au Nigéria. Qui fait un reggae-folk efficace, facile à fredonner, jamais désagréable, entre Tracy Chapman et les mille produits dérivés de Marley. Qui a de plus le grand mérite de venir d’un pays et d’un continent meurtris, ce qui donne au personnage une épaisseur que sa musique n’a pas toujours. Asa-Ayo, trajectoires et musiques cousines ; difficile d’en dire du mal – d’ailleurs on n’en dira pas. Asa ne fâche personne. Son premier disque fonctionne bien. Et vu qu’elle chante en anglais, il pourrait bien aussi se vendre à l’étranger.

    Soit. Mais du Prix Constantin, j’attendais autre chose. La reconnaissance d’une prise de risque, d’une singularité artistique marquante. Camille, époque Le Fil, en avait été une incontestable lauréate. Idem ces deux dernières années pour Abd al Malik, rappeur osant travailler avec le pianiste de Brel, ou Daphné, chanteuse aérienne dont l’écriture prend à rebours la soi-disant « nouvelle chanson » pour atteindre des hauteurs poétiques qu’on n’entendait plus depuis trente ans. Cette année, un Joseph d’Anvers à la pop incisive et tendue, un Arman Méliès à l’onirisme hypnotisant, ou une Barbara Carlotti à l’élégance hors mode et à la voix d’une classe absolue, m’auraient semblé des choix plus pertinents. Moins attendus. Plus audacieux. Et sans doute plus utiles pour soutenir des démarches artistiques ignorées des pleins feux médiatiques.

    Le jury en a décidé autrement. En acceptant d’en faire partie, je me suis engagée – comme tous les autres membres – à une clause de confidentialité sur la teneur des débats. Cela n’interdit pas de dire ses déceptions, ni son étonnement sur le peu de passion des discussions. Et même si, loi du genre, les jurys génèrent toujours des frustrations, ce n’est pas seulement le choix du lauréat qui me laissera un goût amer, c’est la liste des dix finalistes. Que Claire Diterzi n’y figure pas est une hérésie – si tant est que le prix Constantin doive, comme je le pensais, saluer des artistes audacieux qui défrichent, bousculent les habitudes et font avancer la jeune scène actuelle. S’il doit en revanche entériner des succès consensuels (comme le font déjà les Victoires de la musique), pas étonnant que Julien Doré ou Thomas Dutronc aient fait partie des finalistes, ni que la sympathique Asa soit aujourd’hui couronnée.
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    Valérie Lehoux / Télérama

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