Va passer ta radio !

Aujourd’hui, c’est fête pour les amateurs de chanson et de radio. En effet France Inter propose un entretien avec Mathieu Boogaerts chez Yves Calvi « Nonobstant » de 17h à 17h50,


(lien pour l’émission ici)

et un concert d‘Emily Loizeau enregistré hier soir et diffusé ce soir à 21 h « Sur la route » de Laurent Lavige.

(lien pour l’émission )

3 réflexions sur « Va passer ta radio ! »

  1. c’était sublime d’entendre Mathieu B parler de son processus de création de chanson… à (re) écouter d’urgence… il explique pourquoi certains n’aime(ront) pas son dernier opus "I love you"… moi j’aime mathieu M

  2. Emily Loizeau à tire d’elle

    Chanson. L’artiste franco-anglaise, très entourée pour son deuxième disque construit entre Paris, l’Ardèche et la Réunion, trouve l’équilibre ambitieux entre tonus et gravité.

    gilles renault / Libération

    Emily Loizeau CD : Pays sauvage (Universal/Polydor). Concert à l’Alhambra, 21, rue Yves-Toudic, 75 010, les 4, 5 et 6 mars.

    Combien de temps faut-il pour aller de l’Autre Bout du monde au Pays sauvage ? Environ trois ans, en passant, entre autres, par Paris, l’Ardèche et la Réunion. Identifiée au milieu des années 2000, Emily Loizeau a fait un sacré bout de chemin. Dès la première fois qu’on l’avait vue sur scène, assurant une première partie dans une minuscule salle parisienne de Belleville, cela paraissait évident. Mais l’industrie musicale étant ce qu’elle est (parfois patraque, versatile, pas toujours d’une extrême vivacité), la chanteuse franco-anglaise originaire de Seine-et-Marne a dû y aller piano – l’adverbe fusionnant ici avec l’instrument en compagnie duquel elle a grandi – avant de saisir sa chance.

    Etudes de philo, école de théâtre à Londres, approche de la mise en scène dans le sillage d’Aperghis et signature sur Fargo, le petit label français américanophile régulièrement cité en exemple, Loizeau décolle début 2006. Son disque d’ouverture, l’Autre Bout du monde, se vend à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires, sa collection de comptines folk délurées plaît, à juste titre. En pleine floraison féminine (Anaïs, Pauline Croze, Jeanne Cherhal, etc.), la scène scelle son essor à travers des salles de plus en plus grandes et enthousiastes. Fin du premier chapitre.

    «Réponse». Mi-janvier, la menue trentenaire situe ainsi la suite, dans son appartement parisien du quartier des Buttes-Chaumont : «Les chansons de Pays sauvage figurent une forme de réponse à celles de l’Autre Bout du monde. Elles entérinent le deuil de ce rêve où je retrouvais mon père, disparu en 1998, dans une contrée où il vivait encore. J’ai souhaité garder les mêmes images, la même sémantique, avec une nouvelle approche géographique, à la fois plus sereine et plus brutale. La douceur s’en va, le souvenir s’estompe, il devient question de renaissance, de recommencement.»

    Assis à côté d’Emily Loizeau, il y a Arthur B. Gillette, l’affable guitariste impliqué avec son groupe Moriarty dans l’enregistrement de quatre titres du disque. Un peu embarrassé par la tournure intime du propos, il suggère de s’absenter. «Non, au contraire», tranche la chanteuse, qui a voulu un deuxième album explicitement communautaire. «Je suis une grande solitaire quand j’écris. Mais, dans ma famille, l’univers théâtral est très présent. J’ai été nourrie par ce concept de troupe, de tribu. J’avais envie de ça, comme une forme de célébration de la musique telle que j’ai pu la percevoir, par exemple, dans les Seeger Sessions de Bruce Springsteen. Je crois assez fort dans la notion de groupe – ce qui est aussi une façon de se protéger de toute cette morbidité qui entoure actuellement l’industrie du disque.»

    Canne à sucre. Partie dans la major Universal, Emily Loizeau bénéficie de moyens accrus. Ne pas confondre tournure «hippie» revendiquée et bouts de chandelle. Les frusques romantico-bohèmes illustrant le livret «Coco-roseau» ont beau sembler sortir d’une malle du grenier, pas moins de quinze personnes sont créditées («merci à Paul Smith, Jean-Paul Gaultier, Lanvin, American Retro…») et c’est Mondino qui appuie sur le bouton.

    Avec Elodie Maillot, elle enregistre des sons à la Réunion, vent dans les champs de canne à sucre ou cérémonie tamoule. Dans sa maison de campagne, en Ardèche, elle peaufine sous la pluie de l’hiver une approche «plus ludique, intuitive et rythmique, utilisant à l’occasion le plancher, une casserole ou un paquet de corn flakes». Les collaborations s’accumulent, ponctuelles (Thomas Fersen, Danyel Waro…) ou plus suivies, comme avec David-Ivar Herman Düne et donc la clique Moriarty. Chevalier servant, Arthur détaille simplement la rencontre : «La première fois qu’on l’a croisée, c’était à Châteauroux. Elle était sur scène, en fin de tournée, un peu éreintée et elle a joué deux heures et demi. Nous, on commençait juste. Puis on s’est revus dans deux autres festivals et nous avons accroché avec cette fille un peu étrange, à cheval comme nous sur deux nationalités. Notre planning était très serré, mais jouer avec elle, comme nous l’avons fait avec un quatuor classique ou un joueur de luth malien, s’apparente à des vacances.» Une ou deux répétitions ensemble, du travail sur les arrangements, des échanges par mails et Emily Loizeau et Moriarty se retrouvent en studio pour enregistrer quatre chansons, à raison d’une par jour. «Il y avait comme une forme d’évidence», disent-ils, sans que leur sincérité prête à caution.

    Soul rurale. Sans renier ses antécédents, Emily Loizeau a étendu sa gamme. Folk bastringue, negro spiritual, soul rurale, sa voix ample couvre un vaste registre. Une fois encore, elle puise copieusement dans l’univers de l’enfance. La «pluie qui mouille» rime avec «l’air d’une nouille» (la Dernière Pluie), The Princess and the Toad paraphrase la fable, «les vaisseaux de corsaires» du Cœur d’un géant accentuent le style évocateur et habillent le propos, plus qu’ils ne le travestissent.

    «Je me sens proche du song writing anglo-saxon par sa capacité à être brut, primitif, précise Emily Loizeau. De même, la littérature enfantine continue de me toucher énormément. Elle recèle la cruauté, l’angoisse, la noirceur exprimées dans une forme recevable mais qui, l’air de rien, reste parfois d’une méchanceté infinie. Quand j’écris la Femme à barbe, je passe par un personnage pittoresque, une freak, une bag lady comme disent les Anglais, et une rythmique foraine, pour évoquer la déchéance et la solitude et l’abandon qu’on croise de plus en plus souvent dans les grandes villes comme Paris.»

    Quand elle fait l’inventaire, Emily Loizeau préfère la troisième personne à la première : «On a fait le disque qu’on voulait.» Le jour de la rencontre, cependant, elle avait acheté une galette dont, fatalement, elle serait la reine.

    http://www.liberation.fr/musique...

  3. voilà de la belle chronique :

    mardi, octobre 28, 2008
    Mathieu Boogaerts I LOVE YOU

    Mathieu Boogaerts I LOVE YOU Nouvel album le 3 novembre 2008

    N’y allons pas par quatre chemins : avec I LOVE YOU, Mathieu Boogaerts frappe un grand coup. Avec ce disque tout en punch et en nerfs, qui vous saisit et vous croque avec la sensuelle férocité d’une bête sauvage, l’auteur d’Ondulé ne fait pas seulement voler en éclats cette image de chanteur lunaire qui, depuis trop longtemps, lui colle injustement à la peau. Tournant le dos à son passé, il s’offre surtout un aller sans retour vers un autre monde musical, un autre pays, dont il invente avec une volupté palpable la langue, les lois et les coutumes. Un pays qui, comme aux plus grandes heures du rock, du rap ou du funk, prônerait la révolution permanente.

    Le changement est si radical qu’on pourrait le croire motivé par bon gros coup de sang (mais quelle mouche l’a donc piqué ?) ou par une très sévère crise existentielle (mais par quelles affres est-il donc passé pour en arriver là ?). Sauf que c’est tout le contraire : si Boogaerts a ainsi remis en cause tous les acquis d’une carrière entamée il y a près de quinze ans, c’est parce que, pour la première fois, il a connu le sentiment du devoir accompli. "Avec Michel, mon album précédent, j’ai eu l’impression d’avoir bouclé quelque chose. Je n’ai jamais été aussi peu frustré à la fin d’un disque. D’habitude, j’avais l’impression d’avoir raté quelque chose et je me disais que j’allais devoir faire mieux la fois d’après. Là, j’ai eu la sensation que s’il s’arrêtait avec Michel, mon parcours aurait une certaine légitimité. Du coup, j’ai ressenti une liberté que je n’avais jamais éprouvée – ou alors au tout début, avant mon premier disque, quand tout semblait possible."

    C’est toute la beauté des fins de cycle : elles vous permettent de goûter à nouveau à la fraîcheur des commencements. Après les chansons de Michel, qui dans leur subtil dépouillement exprimaient la quintessence de son art, Mathieu est donc reparti de zéro. Premier geste fort : exit la guitare sèche, cette compagne fidèle avec laquelle il avait l’habitude de saisir à la volée de belles idées tombées du ciel. Et place à la batterie, un vieux flirt ("Ça a été mon premier instrument, quand j’avais dix ans") avec lequel il a éprouvé le besoin d’entamer une relation enfin sérieuse.

    Changer d’outil pour mieux se refaire la main et se changer les idées : tel est le pari que s’est lancé Mathieu. Pour le relever dans les meilleures conditions, il lui restait à trouver un cadre dans lequel il pourrait expérimenter sans contrainte. A Bruxelles, où il a vécu un an et demi, le Français a déniché le lieu rêvé : un ancien stand de tir de la police, spacieux, bon marché et insonorisé, aussitôt transformé en home-studio. C’est là, à raison de cinq journées de travail par semaine, qu’il a ainsi jeté les bases de chansons aux contours totalement inédits. "Au lieu d’être des suites d’accords à la guitare, mes premiers jets étaient des rythmes de batterie que je faisais tourner en boucle. C’était très ludique et spontané : en une demi-heure, j’avais l’essence d’un morceau. Ensuite, je trouvais une espèce de mélodie, une ligne de basse, et j’arrivais à un embryon de structure et à une poignée de phrases, dont le sens découlait directement du son. Pendant deux mois, j’ai fait comme ça un ou deux morceaux par jour. Puis j’ai commencé à filtrer, à ne retenir que les meilleurs."

    Partisan de la simplicité, Boogaerts a choisi d’enregistrer toutes les parties instrumentales en solitaire, à l’exception de quelques cuivres et chœurs, assurés par des amis musiciens rencontrés à Bruxelles. Et il a volontairement réduit la voilure sonore, n’utilisant en tout et pour tout qu’une batterie, une basse, une guitare électrique et un synthé. "Ce genre de contrainte me stimule beaucoup plus que si j’avais huit batteries à ma disposition… Quand j’ai peu d’options, j’arrive plus facilement à l’essentiel."

    L’essentiel, ici, saute aux oreilles dès Come to me, première flèche d’un album qui décoche une grêle de traits rythmiques, sonores et vocaux. Sans esbroufe, mais avec une intensité de tous les instants, les chansons d’I LOVE YOU, comme tendues par les forces du plaisir, ne visent qu’un but : provoquer – au sens le plus charnel et électrique du terme – l’auditeur, embraser tous ses sens, le ramener à sa condition première d’animal désirant. "Avec Michel, je voulais réaliser un album beau, profond et introspectif. Pendant un an et demi, je me suis appliqué à rendre cette beauté sur scène, mais j’ai ensuite eu envie de passer à autre chose. Aujourd’hui, je n’ai pas envie qu’on me dise que la musique d’I LOVE YOU est belle, mais qu’elle est sexy."

    Ô combien sexy, oui, et dotée d’un charme incendiaire qui n’a que peu d’équivalents dans la faune musicale actuelle. Tout au plus pourrait-on lui trouver quelque cousinage avec l’electro-rock (Fais gaffe, Game over) ou encore avec ce funk-rock mutant né dans les ruines fumantes du punk, qui fit les beaux jours du label new-yorkais Zé Records (Chape de béton, Bandit). C’est à New York, d’ailleurs, que Boogaerts a finalisé les paroles de ses chansons. Lesquelles, autre surprise de taille, adoptent souvent les fiévreuses pulsations de la langue anglaise pour mieux explorer l’un des thèmes de prédilection du Français : les troubles du cœur amoureux. "Dès le début, les textes sont arrivés spontanément en anglais, alors que ça n’avait jamais été le cas avant. C’est un anglais un peu naïf, approximatif, avec des fautes que je n’ai pas cherché à faire mais qui sont venues naturellement et que j’ai assumées comme telles. Là encore, l’instinct a vraiment primé."

    N’en disons pas plus : s’épancher davantage sur les qualités d’I LOVE YOU, ce serait trahir le propos d’un disque qui, en trente-trois minutes menées tambour battant, célèbre les noces de l’esprit de concision et de l’esprit d’invention. "J’ai toujours été à la recherche d’une musique qui soit à la fois évidente et originale, dit Mathieu Boogaerts. J’adorerais qu’en écoutant ce que je fais, quelqu’un dise : "Ah mais oui, bien sûr, il fallait y penser !"". Qu’il soit rassuré : ce sont précisément les mots qui nous viennent en tête à chaque fois qu’on se prend de plein fouet les chansons d’I LOVE YOU.

    in : http://www.biosstars.com/blog/20...

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