Kriss est morte

« Dans deux minutes, l’antenne. Moment délicat où l’invité se décompose. Ses mains tremblent. Le faire rire. Où ai-je mis ma fiche ? Le distraire. Lui dire deux mots pour qu’il sente que j’ai compris ce qu’il vient défendre. Tenter une question comme on trempe un orteil dans la mer. Faire une gaffe, renverser mon verre, bafouiller, qu’il sache que c’est permis. Essais de voix. je mets mon casque. Mon casque c’est ma maison, mon cocon. J’écoute fort, à l’intérieur du son. J’entends les fêlures de sa voix, son souffle. Tout s’entend, la voix mouillée, la voix qui tremble, celle qui sourit, qui réclame. Les plaintes les plus lointaines sont inscrites dans la voix et les rires de l’enfance. Toutes ces voix qui s’envolent, invisibles et réelles. Est-ce bien raisonnable de déranger un satellite pour nos élucubrations ? Surtout ne jamais se poser cette question avant une émission. »
Extrait du livre de Kriss « La sagesse d’une femme de radio » (L’oeil neuf/Inter 2005).

Pour tous les auditeurs d’Inter dont je suis, la nouvelle est dure à passer.
Je garderai longtemps en mémoire les jolis moment d’émotion et d’humanité qu’elle partageait dans ses Portraits sensibles, sa véritable empathie avec ses invités, la délicatesse de ses questions, son intérêt sincère pour les autres, et sa merveilleuse voix, légère et mutine, qui lui valut d’être l’une des toutes premières de FIP.


« Et aussi merci à la vie qui, par certains chocs, vous incite à porter un œil neuf sur ce qui l’enrichit.
Je ne vous dirai pas que je n’ai jamais peur, ce serait mentir, mais vous dire que je ne puise rien de positif dans cette expérience serait mentir aussi. »
Extrait de son site où elle donnait de ses nouvelles de temps en temps.

Emission hommage sur France Inter dimanche de 12 à 13 h.