Liste 2011

13/14/15 janvier 2011 20 et 21h – Partie à trois (Marc Delmas, Presque Oui et Bastien Lucas) – Glob Théâtre

12 février 20h : ChansonChezSoi – Camel Arioui – Léognan

9 mars 20h30 : Mercredis du Haillan – Eric La Blanche – Entrepot du Haillan

25 mars 20h30 : Concerts intimes – Simon Luro – Cafête de Léognan

13/14/17 avril 20h : ChansonChezSoi – Nicolas Jules

22 avril 20h30 : Concert grande salle – Monsieur Lune – Léognan

23/24 avril 20h : ChansonChezSoi – Frédéric Bobin

7 mai 14h : Musicalarue sur un plateau – Bx Chanson présente Frédéric Bobin – Luxey

20/21/22 mai 20h et 16h : ChansonChezSoi – P. Donoré

27/28 mai : Le Haillan Chanté – E. Gallet, S. Utgé-Royo, F. Boeuf, P. Parisot, Presque Oui, Les Barbises, M. Boogaerts et P. Lapointe

10 juin 20h30 : Concerts intimes – Tiou – Cafête de Léognan

12 juin 16h : ChansonChezSoi – Marc Delmas

17/18/19 juin 20h et 16h : ChansonChezSoi – Jeanne Garraud

21 juin 18h : Fête de la musique – Marc Delmas, Simon Luro, Les Barbises, Patcho Villa, Sacha Bernardson– Halle des Chartrons

7 juillet 20h33 : Chanson à l’Onyx – Franck Monnet – rés : 06 68 82 58 23

20 août 20h : ChansonChezSoi – Marc Delmas

17 septembre 20h : ChansonChezSoi – Camel Arioui

7 octobre 20h33 : Chanson à l’Onyx – David Lafore + Alex Folhen première partie – rés : 06 68 82 58 23

8 octobre 20h33 : Chanson à l’Onyx – La Larron + Alex Folh en première partie – rés : 06 68 82 58 23

3 novembre 20h33 : Festival Courant d’Airs à l’Onyx – Joseph d’Anvers + Jeanne Plante en première partie – rés : 06 68 82 58 23

4 novembre 20h33 : Festival Courant d’Airs à l’Onyx – Gérald Genty + Reno Bistan en première partie – rés : 06 68 82 58 23

5 novembre 20h33 : Festival Courant d’Airs à l’Onyx – Kent + Kandid en première partie – rés : 06 68 82 58 23

12 novembre : Fête du livre à Léognan – Gaston et Lucie – rés. : 05 57 96 01 30

13 novembre : ChansonChezSoi – Damien Robitaille

7/8 décembre : Mercredis du Haillan – Franck Lepage – rés. : 05 57 93 11 38

Bordeaux Chanson d’accord avec Fred Vargas

Nous y sommes
Par Fred Vargas

Nous y voilà, nous y sommes.
Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l’incurie de l’humanité, nous y sommes.
Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l’homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu’elle lui fait mal.
Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d’insouciance, nous avons chanté, dansé. Quand je dis « nous », entendons un quart de l’humanité tandis que le reste était à la peine. Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l’eau, nos fumées dans l’air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu’on s’est bien amusés.
On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l’atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu. Franchement on s’est marrés.
Franchement on a bien profité.
Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu’il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre.
Certes.
Mais nous y sommes.
A la Troisième Révolution.
Qui a ceci de très différent des deux premières ( la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu’on ne l’a pas choisie.
« On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins.
Oui.
On n’a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis. C’est la mère Nature qui l’a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies. La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets. De pétrole, de gaz, d’uranium, d’air, d’eau. Son ultimatum est clair et sans pitié : Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l’exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d’ailleurs peu portées sur la danse).
Sauvez-moi ou crevez avec moi.

Évidemment, dit comme ça, on comprend qu’on n’a pas le choix, on s’exécute illico et, même, si on a le temps, on s’excuse, affolés et honteux. D’aucuns, un brin rêveurs, tentent d’obtenir un délai, de s’amuser encore avec la croissance.
Peine perdue.
Il y a du boulot, plus que l’humanité n’en eut jamais.
Nettoyer le ciel, laver l’eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l’avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est, – attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille, récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n’en a plus, on a tout pris dans les mines, on s’est quand même bien marrés).
S’efforcer.
Réfléchir, même.
Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire.
Avec le voisin, avec l’Europe, avec le monde.
Colossal programme que celui de la Troisième Révolution.
Pas d’échappatoire, allons-y.
Encore qu’il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l’ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante. Qui n’empêche en rien de danser le soir venu, ce n’est pas incompatible.
A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie –une autre des grandes spécialités de l’homme, sa plus aboutie peut-être.
A ce prix, nous réussirons la Troisième révolution.
A ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore.

Fred Vargas
Archéologue et écrivain