Courant d’Airs 2011, c’est parti !

Courant d’Airs, 8e festival chanson organisé par Bordeaux Chanson

C’est à l’Onyx où Bordeaux Chanson a posé ses valises, que l’on retrouve pour la 8e année consécutive le festival Courant d’Airs.
Seul festival chanson de Bordeaux, s’il a souvent changé de lieu (Avant Scène, Satin Doll, Glob Théâtre, et maintenant Onyx), il garde sa fraicheur et son enthousiasme pour présenter les coups de coeur de l’association en matière de jeune chanson francophone.

On y retrouvera donc une programmation éclectique, à l’image du comité d’écoute de Bordeaux Chanson :

Jeudi 3 nov 20h33 :
1e partie Jeanne Plante
http://jeanne-plante.com/
Longue silhouette et léger sourire, elle est seule dans ses concerts au piano ou à l’accordéon. Sur scène l’ambiance est simple, intimiste et joyeuse. L’univers de Jeanne Plante est résolument hétéroclite. Elle explore le quotidien. De sa jolie voix claire, sur des airs de ballades, elle nous raconte avec humour les incohérences de l’existence et chante avec poésie les heurts de nos vies. Jeanne aime à se promener sur des écritures toujours différentes qui lui permettent d’affirmer son style. La tonalité mélancolique de ses chansons, légères dans la forme, est contrebalancée par une jubilation gourmande qui assure aux compositions de ce premier album un bel équilibre !
« Jeanne Plante aux dons multiples (textes, musiques, chant, piano, accordéon), trempe sa plume dans un réalisme piqué d’humour, une tendre rébellion. Mutine et lutine, elle nous dévoile son CD « Les Mots Cachés », à découvrir absolument » (L’Humanité 16/05/2009)« La veine est celle de l’intime, du sentimental, tout ce qui est à portée de main, à portée de larmes. Il y a d’heureux rires, elle chante clair, interprète jusqu’à la dernière syllabe mais en légèreté, bref un phénomène qui nous rappelle l’apparition il y a quelques années d’une autre Jeanne, Jeanne Cherhal » (Midi Libre 11/05/09)

Joseph D’Anvers
http://www.myspace.com/josephdanvers
Rage et douceur. Deux mots qui révèlent la personnalité de Joseph d’Anvers. Et avec elle, sa musique.
Douceur, car à la façon d’un Daho ou d’un Jacno, la voix velours se pose avec simplicité et retenue, toujours contenue. Les textes en français, teintés ça et là de boucles en anglais, dévoilent la sensibilité de l’auteur et son goût pour la musique des mots, sans jamais perdre le sens, primordial. Il faut dire que l’exercice littéraire est aujourd’hui plus que jamais familier de Joseph d’Anvers qui a en 2010 publié un premier roman La nuit ne viendra jamais, salué pour sa maturité. Douceur toujours dans les arrangements : chœurs envolés, lyrisme des cordes, rythmiques grooves, claviers hypnotisants aux teintes électro 80’s.
Marqué par les influences rock anglo-saxonnes telles que The Foals, Tv On The Radio, The Black Keys, The Kills, et par l’exemple d’Alain Bashung, Joseph d’Anvers prend peu à peu ses marques et impose son style : produire un son au croisement de l’organique et du synthétique, soigner les arrangements, créer une dentelle sonore flirtant avec l’expérimentation sans jamais perdre de vue l’efficacité musicale. Être original, assumer ses choix, et espérer trouver écho.

Vendredi 4 nov 20h33 :
1e partie Reno Bistan
http://www.myspace.com/renobistan
Après presque dix ans à chanter ses chansons dans le cadre du très Croix-Roussien groupe Bistanclaque, Renaud Pierre enlève la Claque et devient Reno Bistan. Pendant que son ancien comparse Eric Ksouri se dore la pilule sur l’île de la Réunion, Reno Bistan, qui n’entrave pas grand chose à l’informatique, se vend à Murdoch et se promeut sur myspacecake. Accompagné de son accordéon mais opérant également un retour fracassant à la guitare, Reno Bistan chante ses chroniques sociales et ses portraits amusés. Après un baptème du feu devant 3000 personnes en première partie d’Emir Kusturica en novembre 2007, il affronte désormais, et avec un plaisir non dissimulé, les scènes de Paris, de Lyon, de Marseille et d’ailleurs. (NB : Bistanclaque a oeuvré de 1997 à 2008, enregistré deux albums, joué dans une grande partie des régions françaises ainsi qu’en Hongrie, en Italie, en Suisse et en Allemagne, et partagé la scène avec notamment Têtes raides, Cali, la Campagnie des Musiques à Ouir…).

Gérald Genty
http://www.geraldgenty.com/
« Plutôt que d’aborder les « petites choses du quotidien » j’aime parler des grandes choses qui ne nous arrivent jamais ! « .
Toujours un carnet de notes à portée de main, il ne voit pas le monde comme nous. Loufoque (toujours) et mélancolique (parfois), l’univers où il évolue n’en finit pas de se développer, surprendre et séduire. Pas très loin d’un autre franc-tireur de la chanson française, le regretté et inclassable Nino Ferrer, capable de sauter d’un morceau drôle et léger à un autre beau et triste à pleurer. Gérald, tel le grand Nino, aime le contraste, les décalages et ne pas se prendre au sérieux. Une des chansons de son premier album ne s’appelait-elle pas « Pour l’instant je suis pas encore trop connu, ça va, mais après… j’sais pas! » ?
Quand certains abordent la chanson comme un tremplin rapide vers la célébrité, lui continue de la voir comme un artisanat sensible à la façon d’un Mathieu Boogaerts. Laissez vous séduire par cet album vivifiant, vous ne serez pas au bout de vos surprises. Vous n’entendrez sans doute pas d’autre chanteur embrasser avec autant de décontraction des sujets aussi divers que la retraite, le manque de courage des poules ou la vie et mort d’un vélo.

Samedi 5 nov 20h33 :
1e partie Kandid
http://www.myspace.com/kandidmusic
Mûri patiemment, l’univers poétique et fragile de ce jeune auvergnat y prend toute son ampleur, étoffé par l’arrivée de nouveaux musiciens & la rencontre avec Christophe Darlot (pianiste d’Aldebert), qui signe la réalisation.
Enregistrées entre Clermont-Ferrand & Besançon, ces 13 chansons aux embruns pop-folk nous font voyager autour d’un thème omniprésent, l’absence, sans jamais pour autant se départir d’une certaine légèreté…

Le parrain : Kent
http://kent-artiste.com/
Starshooter a fait partie des groupes dont on parlait dans les années 80 comme Téléphone ou Bijou. Après leur séparation en 1982, le chanteur Kent se consacre à la bande dessinée et aux albums en solo.
Il renoue avec un certain succès en 1990, avec la chanson J’aime un pays, extrait de l’album À nos amours.
Il trouve la consécration en 1991 avec Tous les hommes, qui fixe son nouveau style, marqué par la redécouverte d’une tradition de chanson française de qualité alliée avec les sons plus modernes issus du rock et de la pop avec une prestance remarquable sur scène.
Il écrit depuis en parallèle des romans, et de nombreuses chansons pour d’autres interprètes, dont le tube Quelqu’un de bien chanté par Enzo Enzo ; à noter, aussi, des écritures pour Dave, Johnny Hallyday, Enrico Macias ou Nolwenn Leroy.
Kent se produira en duo avec Fred Pallem aux guitares.

Weepers Circus et Eddy La Gooyatsh vus par Pauline

Aux Trois Baudets le 6 octobre 2011

J’ai mis un temps fou à me résoudre à écrire ce compte-rendu, et pourtant, plein de fois, je l’ai écrit et réécrit dans ma tête. Rien n’est simple sous le soleil, même pas une bonne soirée. Le 6 octobre, je suis donc allée voir les Weepers Circus dans leur spectacle « N’importe où hors du monde », aux Trois Baudets. Bonne ambiance, public agréable, qui ne se prend pas le chou. Je me demande toujours en les regardant, qui sont ces gens qui ce soir là, précisément, ont décidé d’aller au concert, et pourquoi, comment ça s’est décidé, s’il a fallu courir, manger en vitesse, ou pas, avec le ventre qui gargouille un peu au début du concert… Bref, des gens ordinaires, avec des vies extraordinaires.
En première partie : Eddy (la) Gooyatsh. Il occupe la scène, seul avec le batteur, content d’être là, un peu dubitatif sur sa condition de chanteur, et il s’amuse avec cette situation : et s’il était un vrai chanteur ? Ses chansons sont touchantes, des ritournelles parfois, et des solos de guitare de rockeur. On rit beaucoup, avec lui, de lui, parfois on se sent comme au spectacle quand on était petit : on attend bouche ouverte l’intermède entre deux chansons, et on se laisse porter par les paroles et les mélodies. C’est simple, on est transporté, on est bien. Transition : installation des Weepers Circus. Comme le batteur reste, on s’attend à ce que le transport continue… Et là, c’est le flop : je tente désespérément de rester dans le bien-être dans lequel je me trouvais, je cherche ce que j’aime : je vois bien qu’ils ne se moquent pas de nous, qu’ils ont bossé, qu’ils sont forts, que chaque personnalité d’artiste parvient à exister dans ce groupe et je trouve ça étonnant, intéressant… Mais chacun est pris dans son rôle imposé par la mise en scène de Juliette, c’est maladroit, emprunté : ne se décrète pas comédien qui veut ; il faudrait bien plus que ça, la récitation de texte et le corps empêché, pour que se dégage une harmonie dans ce voyage imaginaire où ils voudraient nous emmener. Et puis, le voyage en lui-même reprend les clichés des spectacles des années post-soixante-dix. On y retrouve une forme d’imaginaire de jeu de rôles… On a un peu l’impression d’être au spectacle de fin d’année du lycée : ils y ont mis tout leur cœur, ça fait un peu mal. Du coup, c’est difficile : la chanson et la musique passent au second plan. Les images projetées sont géniales : des extraits de films muets du début du cinéma de science-fiction, mais ça ne prend pas. Et puis, le spectacle chanté, ça prend vite une tournure de comédie musicale, ça flirte avec le racolage et moi, ce côté variété me met mal à l’aise. C’est dommage, parce que le chanteur a une voix à faire tomber par terre et les musiciens sont bons. Certains morceaux sont vraiment bien, mais il faudrait épurer, arrêter de se prendre les pieds dans le spectacle, remettre la musique à sa place… Ben non, je n’aime pas ce qu’a fait Juliette, et j’ai même l’impression qu’elle ne permet pas à ce groupe d’exprimer ce qu’il a de bon.
Mais je reverrai avec plaisir Eddy (la) Gooyatsh, et à la maison, c’est très agréable aussi…

Vincent Liben vu par Méryl

à La Boule Noire le 14 septembre 2011

Tout d’abord, j’ai été surprise par le monde sur scène : un batteur, deux guitaristes, une bassiste plus Vincent Liben qui prend de temps en temps sa guitare, moi qui m’attendais à voir un un chanteur à texte s’accompagnant seul ! Bon, il faut dire que je n’avais pas du tout révisé avant le concert. A peine le titre enregistré avec Berry qui passe sur France Inter, et encore, il m’était revenu en mémoire car c’était le premier qui apparaissant en faisant une recherche rapide sur l’artiste.
Ah si, j’avais aussi lu quelque part qu’on le comparait à Yves Simon.
Le côté Yves Simon, il l’assume, il en joue un peu et y fait référence plusieurs fois pendant le concert. Il a d’ailleurs fait une très jolie reprise de Diabolo Menthe. Ensuite, on sent bien que tout n’est pas rodé dans ce spectacle, les enchaînements manquent de fluidité et quelques orchestrations m’ont semblé un peu bancales malgré l’entente qui transparaissaient du groupe. J’ai décroché plusieurs fois alors même que je sentais bien que c’était tout à fait le genre de chansons, de musiques qui auraient dû me toucher. Vincent Liben est très sympa sur scène, mais peut-être qu’il lui manque encore la complicité d’un public qui connait bien son travail ? Ceci dit, une fois ces légers points négatifs mis de côté, j’ai fini par me laisser prendre au jeu, par entrer dans son univers et c’était bien ! Quelques jours après le concert, j’ai acheté l’album pour l’offrir et l’ai longuement écouté au passage… je ne m’étais pas trompée, c’est bien un chanteur qui me touche. Je préfère les versions de l’album à celles entendues à la Boule Noire, mais serai ravie de revenir sur cette impression lors d’un prochain concert :o)