Weepers Circus et Eddy La Gooyatsh vus par Pauline

Aux Trois Baudets le 6 octobre 2011

J’ai mis un temps fou à me résoudre à écrire ce compte-rendu, et pourtant, plein de fois, je l’ai écrit et réécrit dans ma tête. Rien n’est simple sous le soleil, même pas une bonne soirée. Le 6 octobre, je suis donc allée voir les Weepers Circus dans leur spectacle « N’importe où hors du monde », aux Trois Baudets. Bonne ambiance, public agréable, qui ne se prend pas le chou. Je me demande toujours en les regardant, qui sont ces gens qui ce soir là, précisément, ont décidé d’aller au concert, et pourquoi, comment ça s’est décidé, s’il a fallu courir, manger en vitesse, ou pas, avec le ventre qui gargouille un peu au début du concert… Bref, des gens ordinaires, avec des vies extraordinaires.
En première partie : Eddy (la) Gooyatsh. Il occupe la scène, seul avec le batteur, content d’être là, un peu dubitatif sur sa condition de chanteur, et il s’amuse avec cette situation : et s’il était un vrai chanteur ? Ses chansons sont touchantes, des ritournelles parfois, et des solos de guitare de rockeur. On rit beaucoup, avec lui, de lui, parfois on se sent comme au spectacle quand on était petit : on attend bouche ouverte l’intermède entre deux chansons, et on se laisse porter par les paroles et les mélodies. C’est simple, on est transporté, on est bien. Transition : installation des Weepers Circus. Comme le batteur reste, on s’attend à ce que le transport continue… Et là, c’est le flop : je tente désespérément de rester dans le bien-être dans lequel je me trouvais, je cherche ce que j’aime : je vois bien qu’ils ne se moquent pas de nous, qu’ils ont bossé, qu’ils sont forts, que chaque personnalité d’artiste parvient à exister dans ce groupe et je trouve ça étonnant, intéressant… Mais chacun est pris dans son rôle imposé par la mise en scène de Juliette, c’est maladroit, emprunté : ne se décrète pas comédien qui veut ; il faudrait bien plus que ça, la récitation de texte et le corps empêché, pour que se dégage une harmonie dans ce voyage imaginaire où ils voudraient nous emmener. Et puis, le voyage en lui-même reprend les clichés des spectacles des années post-soixante-dix. On y retrouve une forme d’imaginaire de jeu de rôles… On a un peu l’impression d’être au spectacle de fin d’année du lycée : ils y ont mis tout leur cœur, ça fait un peu mal. Du coup, c’est difficile : la chanson et la musique passent au second plan. Les images projetées sont géniales : des extraits de films muets du début du cinéma de science-fiction, mais ça ne prend pas. Et puis, le spectacle chanté, ça prend vite une tournure de comédie musicale, ça flirte avec le racolage et moi, ce côté variété me met mal à l’aise. C’est dommage, parce que le chanteur a une voix à faire tomber par terre et les musiciens sont bons. Certains morceaux sont vraiment bien, mais il faudrait épurer, arrêter de se prendre les pieds dans le spectacle, remettre la musique à sa place… Ben non, je n’aime pas ce qu’a fait Juliette, et j’ai même l’impression qu’elle ne permet pas à ce groupe d’exprimer ce qu’il a de bon.
Mais je reverrai avec plaisir Eddy (la) Gooyatsh, et à la maison, c’est très agréable aussi…