Théâtre du Petit Saint Martin le jeudi 14 février 2013
Une pièce où l’on partage l’histoire quasiment en temps réel d’Ita L. La pièce s’ouvre sur l’angoisse d’Ita, femme juive de 67 ans, qui vient de subir l’intrusion de la police, un soir de décembre 42. Le policier lui a donné une heure pour se préparer, une heure d’angoisse en temps réel dans le spectacle. Hélène Vincent donne corps d’une manière très émouvante à ce personnage qui associe fragilité et force, tour à tour, ou simultanément. Personnage à la fois candide, faussement naïf et si clairvoyant sur l’univers dans lequel il vit, Ita révèle dans son monologue les petites fêlures de la vie, la nostalgie amoureuse, la maternité qui comble et crée le manque, le sens et l’inutilité des petites choses quotidiennes. Elle témoigne aussi de la dimension tragique, de la cruauté d’une pression policière et politique incompréhensible, jusqu’à l’évocation des scènes d’horreur à Odessa. Hélène Vincent incarne la douleur, une douleur Durassienne qui frôle la folie. Est-il possible au théâtre de parler autrement de la déportation, de l’angoisse et de l’arbitraire ? On aimerait bien parfois, car, si la comédienne incarne violemment et passionnément son personnage, il n’en reste pas moins que la mise en scène réaliste et le rythme en temps réel de la pièce enferment le spectateur dans un univers codé où tout est déjà explicite, déjà compris. On a un peu l’impression d’avoir déjà vu ce spectacle, avec des variantes, certes, mais le mode du témoignage est si souvent là pour dire l’horreur de la déportation, des génocides. Impossible de prendre du recul, d’approfondir l’analyse, on est pris dans le piège de l’affect et de l’événement. On peut le regretter, avoir envie d’une approche plus complexe… Cela dit Hélène Vincent sait donner corps avec beaucoup d’intensité à ce texte.