Farid Chopel est décédé hier à Paris des suites d’un cancer foudroyant.
Certains d’entre nous l’avaient vu sur scène et n’oublieront pas son humour. Sa chanson « ô animaux » tournera donc en boucle dans nos coeurs aujourd’hui…
« Salué comme il le méritait il y a trois ans, son nouveau spectacle, Le Pont du Milieu, revêtait la forme explicite d’une résurrection. L’histoire nous révèle aujourd’hui qu’il avait aussi une dimension testamentaire. Farid Chopel est mort hier après-midi, à Paris, d’un cancer foudroyant (comme Fred Chichin, trajectoire parallèle), à l’âge de 55 ans. Il n’aura donc pas pu goûter longtemps aux retombées de ce come-back qui lui avait permis, in extremis, de tourner un ultime long métrage signé Khaled Ghorbal, – Un si beau voyage – quel titre, vraiment !
Celui de Farid Chopel avait débuté tôt. Fils bien élevé de l’immigration, il connaît les institutions privées et ne tarde pas à se découvrir des talents de performer : danse, living theatre, musique… L’humoriste finit par éclore. En 1977, son premier spectacle, Chopelia, est un succès. Quatre ans plus tard, le duo Les Aviateurs, qu’il anime avec Ged Marlon, un triomphe. Son humour déjanté, jamais trivial, séduit. Suivront, dans le désordre, une apparition emblématique dans La Danse des Mots, le clip de Mondino, une pub Perrier qui fait que toute la France cathodique le connaît, un rôle cinématographique à succès, dans Sac de nœuds de Balasko…
Devançant d’une génération les vedettes actuelles du rire black-blanc-beur (Jamel, Yacine, Moustapha…), Farid Chopel jouit d’une belle popularité, figure branchée des nuits parisiennes où l’on croise sa silhouette longiligne jusqu’à plus d’heure. Jusqu’à plus soif… Inexorablement, il plonge, abuse de tout, ne se souvient plus de rien. Violente traversée du désert, les années 90 ne sont plus qu’un vaste trou noir ; d’où l’extirpe Brigitte Morel, sa compagne, aimante, patiente, qui tempère ce «niveau incroyable d’autodestruction» qui l’a déjà amené à plusieurs reprises «à la frontière de la mort».
Farid Chopel avait un beau sourire équivoque, empreint de pudeur. Son dernier spectacle s’achevait ainsi : «A force de jouer la comédie, on s’imagine que la vie est une farce. C’est vrai. Mais il faut y croire. Il faut y croire.» «
Gilles Renault pour Libération ici.