Petite piqûre de rappel (aïe) :
demain soir, à 20h30, c’est Soirée Bordeaux Chanson au Satin Doll avec Ludo Pin et Héric…
Libération du 5 novembre 2008
« On écoute Ludo Pin. Puis, on le rencontre : 28 ans, yeux et cheveux bruns, baskets et jeans usés, une franchise dans le propos raccord avec les onze chansons de son premier album sans titre, qui sort ces jours-ci dans une concurrence pas franchement idéale pour un artiste en développement. Si l’on s’attarde sur le cas Ludo Pin, c’est qu’il fera son chemin, quoi qu’il en soit, avec ou sans nous, bouche-à-oreille assuré d’un garçon né à Strasbourg l’année de la mort de Lennon, mère guide touristique et père dans l’aménagement du territoire allant à Sarcelles cultiver des idéaux communistes.
Contestation. Cours de guitare classique, petits boulots, Amérique latine sac au dos, des groupes de caves d’un jour, ambiances Bollywood ou mandingue, des chansons sur un quatre-pistes de chambre, influences Wu-Tang Clan, Portishead, Dominique A ou le chanteur Ignatus, qui propose à Ludo Pin d’aller démarcher. Résultat : des passages sur Radio Nova donnant lieu à une première partie (guitare et sampler) de Louise Attaque à Bercy en novembre 2006. Le titre déclencheur s’intitule 3 Secondes. Il ouvre l’album. Soutenue par des aigus de claviers et le crépitement d’un vinyle, la phrase gimmick «Si j’respire toutes les trois secondes» renvoie à la contestation, la guitare de Woody Guthrie, les riddims ragga, les syncopes hip-hop.
Maquettes. Il s’agit là d’une des compos les plus étonnantes qu’il nous ait été donné d’entendre depuis Notre Epoque de Tarmac, originalité dans une structure bousculant la hiérarchie couplet-refrain sur un air qui évolue comme une roue voilée, se décalant à chaque tour pour délivrer un nouveau point de vue. La version qu’on découvre là est un peu différente de celle entendue sur Radio Nova. Mais sans s’en écarter radicalement.
Après avoir tenté une prod’, Bénédicte Schmitt et Ludo Pin, coréalisateurs de l’album, sont repartis des maquettes maison. «On a compris qu’il fallait faire avec ce qu’on avait déjà, dit le chanteur. Même si les maquettes sonnaient cheap et serrées, il y avait un équilibre qu’on n’arrivait pas à retrouver autrement. On a rejoué des programmations, des basses, des pianos pour que ça fasse plus rond, plus large, mais l’essentiel était à 80 % là. Disons que c’est un disque où le mix fait partie intégrante de la réalisation.»
Car Ludo Pin l’avoue, son principal défaut, comme beaucoup en home-studio, est d’empiler les pistes sans le recul nécessaire pour casser le côté linéaire. Une fois la chambre rangée, on découvre des titres tenus par une saine révolte, qui parvient, de manière kaléidoscopique, à donner une lecture claire d’un monde éclaté. Un vers de Jean-Baptiste Clément extrapolé pour Ça branle dans le manche («Ça branle dans le manche/ Ces mauvais jours-là finiront/ Et gare à la revanche/ Quand tous les autres s’y mettront»), des chansons qui mêlent le «je» au «on» pour s’extraire de la lourdeur du couvercle baudelairien sur des mélodies qui chantent comme des lendemains passés à la douche froide.
Petits bonshommes tiraillés, qui pourront trouver en Ludo Pin un contrepoint aux désillusions d’époque. »
Ludovic Perrin
Au Satin Doll 18 rue Bourbon à Bordeaux (Tram ligne B, arrêt Les Hangars).
Réservations FNAC et Ticketnet (Cultura, Auchan, etc.).
Prix des places : 15€ et 12€ tarif réduit (adhérents, chômeurs, étudiants, etc.)