L’accueil des artistes

Vincent Delerm livre ce petit texte très juste dans un mail promo reçu ce jour de Tôt ou Tard.
Que pourrons nous dire la prochaine fois ?…

Où l’on fait la connaissance de Jeanine
“C’est Jeanine qui viendra vous prendre à la gare”.
Le message tombe vingt minutes avant l’arrivée du train. C’est toujours une personne différente, une personne “de la salle” qui vient nous attendre à la gare. Une personne qu’on ne connaît pas mais le texto du régisseur général donne l’impression que c’est une vieille tante de famille qui va se pointer. C’est Jeanine qui viendra vous prendre à la gare. Il faut traduire par : c’est Jeanine que nous avons rencontrée en arrivant à la salle, elle est sympa, vous ne la connaissez pas encore mais vous allez voir elle est sympa et du coup à travers nous qui l’avons rencontrée ce matin, c’est comme si vous la connaissiez déjà un peu. En conséquence de quoi il est possible d’écrire : c’est Jeanine qui viendra vous prendre à la gare.
Déroulement classique quand Jeanine vient nous prendre à la gare :
a – Jeanine attend dans le hall de la gare, nous arrivons nez en l’air avec valises et trompettes, guettant un visage qui pourrait s’éclairer en nous apercevant, donnant par là-même le signal “Jeanine c’est moi”.
b – Présentation + “ça va le voyage s’est bien passé ?”
Oui le voyage s’est toujours très bien passé, quand bien même il se serait passé de manière exécrable, cela ferait tellement frémir les gens qui nous accueillent de déceler un tempérament négatif dès la première phrase que du coup le voyage s’est toujours bien passé.
c – “Je suis garée là”. La personne qui vient nous chercher, souvent par peur du silence après avoir appris que le voyage s’était bien passé, a une petite tendance à lancer son “je suis garée là” un peu trop tôt, à un moment où il est encore totalement impossible de discerner le moindre véhicule car on est encore dans le hall. Elle tend donc la main qui tient les clés vers l’extérieur du hall en désignant une zone qui contient une quarantaine de véhicules, dont probablement, nous l’espérons bien de toute façon, celui de Jeanine.
d – “Je vous ouvre le coffre” : la personne nous ouvre le coffre.
e – Ibrahim et Nicolas s’assoient à l’arrière, je fais pour ma part face à ma responsabilité de chanteur programmé en milieu de saison culturelle en ne fuyant pas une place qui engendre la discussion : je monte à l’avant.
f – “Je vous emmène à la salle ou à l’hôtel ?”
On a beau s’attendre à la question, la réponse n’est jamais très claire.En gros avant 16h on opte pour l’hôtel et après 16h pour la salle. Mais on n’a pas encore eu le temps de répondre que déjà tombe un “c’est comme vous voulez, moi je vous emmène à la salle ou à l’hôtel, pour moi c’est pareil”. Soit. Il se trouve néanmoins, et c’est délicat à formuler, que notre hésitation ne provenait pas de la peur d’enquiquiner Jeanine avec une destination plus contraignante qu’une autre pour elle, mais bien égoïstement de faire le choix le plus adapté pour nous.
g – “De toute façon l’hôtel est juste à côté de la salle, ça se touche”.
Ah Jeanine…

Message personnel

Je crois que c’est la première fois, mais la rédactrice de site a décidé de poster un message personnel aujourd’hui, parce que ça lui tient à coeur.
On espère que ça ne se reproduira pas trop souvent !
Voici donc le texte de ce message ici.

Voilà, c’est tout !

Barbara à Bordeaux

Bruno et sa petite maison jaune pensent à nous et ont noté pour nous ce spectacle :

Tarif plein : 20€
Tarif réduit : 12€ (demandeurs d’emploi, personnes handicapées, étudiants, intermittents sur présentation d’un justificatif)
Tarif préférentiel : 14€ Adhérents Pont Tournant*, adhérents des structures partenaires, CE, groupe de plus de 10 personnes
Tarif scolaire : 7€

Infos pratiques :
Théâtre du Pont Tournant
13 rue Charlevoix de Villers 33300 Bordeaux
Tél : 05 56 11 06 11 – Fax : 05 56 43 06 73
email : pont.tournant@gmail.com
www.theatreponttournant.com

Plus d’infos sur le site du Pont Tournant ici.

Kriss est morte

« Dans deux minutes, l’antenne. Moment délicat où l’invité se décompose. Ses mains tremblent. Le faire rire. Où ai-je mis ma fiche ? Le distraire. Lui dire deux mots pour qu’il sente que j’ai compris ce qu’il vient défendre. Tenter une question comme on trempe un orteil dans la mer. Faire une gaffe, renverser mon verre, bafouiller, qu’il sache que c’est permis. Essais de voix. je mets mon casque. Mon casque c’est ma maison, mon cocon. J’écoute fort, à l’intérieur du son. J’entends les fêlures de sa voix, son souffle. Tout s’entend, la voix mouillée, la voix qui tremble, celle qui sourit, qui réclame. Les plaintes les plus lointaines sont inscrites dans la voix et les rires de l’enfance. Toutes ces voix qui s’envolent, invisibles et réelles. Est-ce bien raisonnable de déranger un satellite pour nos élucubrations ? Surtout ne jamais se poser cette question avant une émission. »
Extrait du livre de Kriss « La sagesse d’une femme de radio » (L’oeil neuf/Inter 2005).

Pour tous les auditeurs d’Inter dont je suis, la nouvelle est dure à passer.
Je garderai longtemps en mémoire les jolis moment d’émotion et d’humanité qu’elle partageait dans ses Portraits sensibles, sa véritable empathie avec ses invités, la délicatesse de ses questions, son intérêt sincère pour les autres, et sa merveilleuse voix, légère et mutine, qui lui valut d’être l’une des toutes premières de FIP.


« Et aussi merci à la vie qui, par certains chocs, vous incite à porter un œil neuf sur ce qui l’enrichit.
Je ne vous dirai pas que je n’ai jamais peur, ce serait mentir, mais vous dire que je ne puise rien de positif dans cette expérience serait mentir aussi. »
Extrait de son site où elle donnait de ses nouvelles de temps en temps.

Emission hommage sur France Inter dimanche de 12 à 13 h.

Gainsbourg et Bashung

Petit billet chiné chez l’ami blogger Yann (ici) :

« Légère éclaircie sur ta nuque dégagée…

(…) la tournée de Bashung que j’ai tant aimée l’été dernier sort en cd et dvd le 16 novembre.
Enfin pour les fans il y a même un méga coffret de 27 cd qui va sortir.
Je ne suis pas sûr que tout soit indispensable (j’ai peur qu’en dvd ce concert ne rende pas grand chose) mais le cd est à mon avis totalement incontournable…

cd… et dvd

D’autre part, (alléluia et mazeltof ce mois de novembre ne sera pas si pourri que ça) vous pouvez écouter ici les premiers extraits de la reprise de « L’homme à tête de chou » que Bashung a fait et qui sortira aussi bientôt…

Cet album est le deuxième concept album de Gainsbourg (après Melody Nelson) et j’ai mis trés longtemps à l’aimer… Et pour cause, il est noir de chez noir, cradingue, déglingué et sans aucune compromission commerciale exceptée la bluette Carpentier « Marilou repose sous la neige » (dispensable d’ailleurs).
Et puis un jour un peu triste (il y en a…) je l’ai écouté au casque, je l’ai écouté vraiment et j’ai compris.
L’homme à tête de chou est le « voyage » de Gainsbourg (là où Mélody est son « Lolita »), une plongée abyssale et enivrante sans retour dans la noirceur… Et bien sûr j’ai adoré.
Je ne peux pas l’écouter tous les jours mais il a rejoint immédiatement mon panthéon personnel, un des rares disque de Gainsbourg qu’on puisse nommer chef d’oeuvre en étant parfaitement sincère…

Lors de l’expo qui lui a été consacré il y a quelques temps j’ai pu enfin voir la statue de l’homme à tête de chou (cf pochette) qui a inspiré l’album… Elle était là devant moi et l’air grésillait autour d’elle… J’ai dû me faire violence pour la quitter au bout de vingt minutes… Envoûté au sens propre par la statue comme je le suis par l’album…
Et donc Bashung (comme par hasard!) l’a repris. Bashung l’a repris et devait le chanter en scène à la fin de sa tournée…

Là encore je ne sais pas ce que ça va donner, mais pour le moins, cela sera de tout évidence un événement personnel: mes deux grands disparus qui se croisent en musique. »

Drôle de quatuor !

Dans Sud Ouest édition Lot et Garonne du 17 nov 2009

« Depuis mardi dernier, 14 auteurs, compositeurs ou interprètes planchent sur la réalisation d’un projet jeune public, sorte de comédie musicale : «L’enfant porté».

Un conte spécialement écrit par Yannick Jaulin, spécialiste contemporain du genre, servira de fil conducteur pour la réalisation des textes et musiques des chansons. Une vaste histoire d’environ 1 heure, pour la « liberté des mots », à découvrir sur la scène de la Music’halle ce soir à 20 h 30.

Au vu de la complexité et du temps imparti pour réaliser cette entreprise, les modules classiques de travaux des rencontres ont été réduits. Histoire et chansons portent le même projet. C’est naturellement que tous les intervenants, stagiaires et équipe des Voix du Sud, se sont mis au service de cet objectif.

Une plus grande place sera laissée à la synchronisation et la mise en scène des chansons. Un module voix, dirigé par Christian Alazard et un échange avec Isabelle Pehourticq, des éditions Acte Sud Junior, ont ponctué les travaux.

Parmi les intervenants techniques, Yannick Jaulin a bien évidement partagé les journées des stagiaires, aux côtés de Francis Cabrel et Franck Monnet. Henri Dès, artiste bien connu pour ses chansons jeune public, est venu lui aussi apporter une aide précieuse, intéressé par le projet. Yannick Jaulin : « Ce conte a pour sujet l’illettrisme, le goût d’apprendre et des mots. Les chansons écrites apporteront gaieté et dynamisme. Au pays des Funs tout le monde est content. Un enfant dans ce monde est à la recherche du secret des mots. » »

Ce qui me chante… par Bruno

Oui, voici une nouvelle rubrique dont l’idée est vaguement piquée à notre ami Christorama et son invité libre : de temps à autres, un(e) adhérent(e) de Bordeaux Chanson viendra nous parler de « ce qui lui chante ».

Deuxième « Ce qui me chante » avec Bruno :

Un soir, il y a bien longtemps à présent, j’ai découvert l’univers de la chanteuse Barbara sur une radio régionale et nocturne… En l’espace d’un soir je me suis retrouvé dans une autre dimension, dans un autre monde. Le lendemain j’ai foncé entre midi et deux dans le grand magasin de la sous-préfecture girondine dans laquelle j’étais scolarisé pour me procurer son album qui venait de paraître.

Depuis ce jour-là Barbara a été présente dans ma vie, parfois un peu trop, je dois le reconnaître aujourd’hui car elle ne m’a pas permis de découvrir d’autres univers musicaux. J’ai donc aujourd’hui des lacunes musicales mais je ne regrette pas ce choix car Barbara m’a tellement apporté. Et je peux avouer que si je suis toujours en vie aujourd’hui, c’est grâce à ces chansons qui m’ont permis de toujours tenir debout en espérant des jours meilleurs.

Barbara n’est plus là aujourd’hui, elle me manque, je ne l’écoute pas souvent car c’est parfois douloureux et puis je connais certaines de ses chansons par cœur…

Barbara m’a appris à aimer la chanson française, la chanson d’écoute, la vie, l’amour. Depuis sa mort, je me suis mis en quête de découvrir des artistes dans la même trempe avec des univers plutôt sombres, profonds mais pas désespérés et surtout pas festifs.

Ce que je préfère, c’est découvrir un artiste à ses débuts, bien avant tout le monde et de préférence avant qu’il puisse enregistrer son premier album. Puis j’aime suivre son évolution artistique… C’est de cette façon que j’ai pu faire de belles découvertes sur le plan artistique et émotionnel comme par exemple avec Barbara Carlotti, Florent Marchet, Joseph d’Anvers ou encore Emilie Simon.

Je trouve cela trop jouissif, je le confesse aujourd’hui, de savoir que j’ai pu découvrir et aimer la première chanson de Florent Marchet « Tous pareils » en 2003 sur une compilation des Inrockuptibles. Je suis fier d’avoir cru en lui, de l’avoir suivi et aujourd’hui je suis impatient de découvrir son troisième album début 2010.

J’aime aussi agir de cette façon avec les écrivains, les actrices, les acteurs et même les réalisateurs, c’est plus fort que moi et certains jours je me dis que j’ai loupé ma voie au niveau professionnel, mais c’est une autre histoire.

Mais j’ai un problème avec « mes artistes » je le reconnais. J’ai toujours tendance à vouloir les garder pour moi, j’ai tendance aussi à ne pas vouloir pour eux un succès trop fulgurant ou populaire. Oui, j’ai du mal avec ça. Je comprends le besoin de ces artistes de vouloir émerger mais j’ai toujours peur qu’ils puissent le faire trop vite et d’une mauvaise façon.

J’ai par exemple en tête le cas de Cali. J’ai découvert Cali à ses débuts bien avant qu’il n’enregistre « L’amour parfait ». J’avais beaucoup d’admiration et de sympathie pour Cali mais j’ai assez rapidement détesté son évolution. Aujourd’hui, il est trop populaire et aimé du grand public pour que je puisse l’aimer à nouveau. Dommage…

Je peux comprendre que ma façon de voir les choses puisse énerver mais je ne peux aimer les artistes que de cette façon. Barbara, par exemple a toujours eu du succès mais elle n’était pas populaire et pas surtout pas consensuelle.

Aujourd’hui, je souhaite donc vous faire découvrir une jeune chanteuse française qui est devenue essentielle à mon quotidien. Elle porte un joli nom : « La Fiancée ». Son univers me touche, sa voix et sa personnalité aussi. On commence à parler d’elle dans la presse, elle commence à faire des concerts à Paris. Je la connais depuis de nombreux mois à présent et j’ai peur. Oui j’ai peur qu’elle rencontre à son tour un succès qui puisse la transformer et m’empêcher de l’admirer comme je peux le faire aujourd’hui.

Dans la vie, il faut parfois savoir prendre des risques, alors je vous confie « La Fiancée ». J’espère qu’elle vous plaira et dans tous les cas, je vous demande de prendre soin d’elle :

Myspace de La Fiancée ici.